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Lolo Sur son vélo.
18 juin 2015

Mon Everest.

« France bleu Isère , il est 8h00, voici votre journal d'informations locales :
Blablabla, blabla blablabla... et le sport, avec cet événement, qui chaque année rassemble des milliers de Néerlandais, l'Alpe d'HuZes, ce déroule aujourd'hui le long des 21 lacets de la mythique montée vers la station de l'Alpe d'Huez, ou 20,000 personnes, dont 5,000 cyclistes sont attendus pour cette édition... »


Et merde...

 

4 ans à apprendre tout de cette montée, dans les bouquins, sur le net, sur les blogs, tout ce que je pouvais trouver de profils, de récits sur cette montée, je les ais passés à la moulinette, afin que le jour-J ou je me déciderais à gravir mon Everest à moi, je sois prêt, l'Alpe d'Huez c'est :


- La montée la plus télégénique qui soit.
- 13,8 km de longueur (environ, ça varie d'une page internet à l'autre...)
- 1100m de Dénivelé positif
- 21 virages

- pente moyenne à 7,9% (2 premiers Km à 10% environ)
- 37'35'', record de Marco Pantani, à la vitesse moyenne, 23,08 km/h...

alpe d'huez


Si j'ai bassiné madame avec le Challenge vercors, je l'ai saoulé avec la montée de l'Alped'Huez.

Tout était au carat, planifié à la minute prêt... et bien non, j'avais oublié, que le Téléthon Hollandais prenait place tout les mois de Juin ici, je n'avais pas vérifié la date cette année, BINGO !

Pas grave, à 10 km de l'arrivée au Bourg d'Oisan, je vais pas m'arrêter là, mas dans ma tête, j'ai l'image, des bords de routes, engorgées, parking bondés, vélo, piétons partout dans les rues, sans interdits éphémères le temps de la manifestations, montées « privatisées (cf l'étape du tour) etc etc...
Ca turbine dans le cerveau, mais allons y, je ne me suis pas levé à 6h00 pour rien, je tiens une forme comme je ne suis pas sur de la retrouver, je ne reviens pas avant un moment dans des conditions météo convenable pour la faire à vélo.

Le temps d'arriver sur place, divers reportages radiophoniques me rassurèrent quand à la gestion de l'événement par les organisateurs Batave, le Maire de Bourg d'Oisan semblait plus que ravit, un exemple à suivre selon lui par d'autre organisateurs... à qui était destiné ce message subliminale, ça, je n'en sait rien, mais j'espère qu'il a prit bonne note...
Arrivé sur place, le témoignage du maire est confirmé, tout est calme, pas de voiture garées à l'arrache en bord de rue, des parking avec des places... mes visions de demi tour, ou de me garer à perpet', s'envole, tant mieux !

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Garé sur un parking GRATUIT SVP, je finis de me préparer, chaussures, mitaines, lunettes, casque, ravito' dans la poche (même s c'est court, mieux vaut éviter le coup de mou bête et évitable), gourdes pleines, remontage du vélo, re-vérif rapide, tout est ok, en 10 minutes je suis paré...
il est 8h30, et il fait déjà pas loin de 30°c... pas un pet de vent, il va faire chaud, la question manchettes, pas manchettes, ne se pose pas aujourd'hui.

Je déambule tout doux dans les rues, je ne cherche pas la route pour le pied de la montée, suffit de d'aller vers la montagne, ça file direct dessus.
Quelques Hollandais sont là sur le bord des routes, rien de bien envahissant, contrairement à ce que la radio laissait entendre.
Je passe le pont par dessus la Romanche, puis un rond point, et là, c'est un autre monde.

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Barrière, filtrage, et panneau écrit en Néerlandais... avec un panneau sens interdit... j'arrive à la barrière, qui ne barre pas grand choses, je passe, la filtreuse me dit quelque chose qui doit être un bonjour, le pouce levé, nickel ! (le filtrage était pour les véhicules motorisés)

La route continue, large virage a droite, puis arrive le camping sur la droite de la route, comme sur « google streetview », toujours, me permet de reconnaître et de savoir que c'est pour très bientôt.
Les Hollandais eux, comme si ils poussaient de partout, le flot grandit à vue d’œil, entre ceux qui attaque la montée, et ceux qui finissent la descente.

Au loin, une ligne blanche tracée au sol, avec à la droite, un panneau sur lequel est écrit «  début chronométrage », ou quelque chose comme ça, je passe la ligne, Top chrono ! c'est parti pour la montée, 20 mètres plus loin, par ce virage à 90°. Fin du questionnement, début des réponses... Je suis dans le contre un contre la montre, là, nul question de longue distance, d'envie d'aller voir plus loin, je sais que mon tracé s'arrête 13,8 km plus loin, Avenue du Rif Nel, après être passé sous le tunnel juste après la fin de la montée « officielle », qui m'intrigue, depuis tout petit, allez savoir pourquoi, 1100m plus haut, dans 1h20 à peu prêt selon mon estimation.
Mais que de Kilomètres accomplis pour être si sûr de moi ce jour là.

 

Le virage à gauche se termine, changement de décor, à l'ombre de la montagne, la route se dresse, une rampe à 10% large, au bitume digne d'une autoroute, le petit plateau, de 34, est déjà passé. A l'arrière, il ne me reste déjà plus que deux pignons en rab, 25 et 28... le cœur est déjà à 180+, la vitesse réduite à 12 km/h, ah non, 11 pardon ! ça fait 100 mètres que j'ai attaqué... bordel c'est dur.


Une chose étonnante, au bout de 500m (et toujours pas un virage de passé) je dépasse tout le monde, la ribambelle de cyclo Hollandais, roule entre 4 et 8 à l'heure tout au plus, cela je peux le concevoir sur une partie de la population, mais là, c'est tout le monde...


j'ai su pourquoi plus tard.
« L'Alpe d'huZes », n'est pas un problème de prononciation lié à leurs langue, non, « zes » veut dire six... ce qui veut dire que les 5000 cyclos ici présents, doivent, effectuer la montée 6 fois, entre 5h30, et 20h00, ceux ci que je dépassent doivent en être à leurs seconde montée, courage ! L'entrée se fait moyennant un billet à 2500€... majorité de ces cyclos sont toutes-fois, parrainés par leurs boites, qui forme ainsi, un peu comme des équipes, elles même soutenues par un large public eux même issus des différentes boites, assurant ravitaillement en eaux, et nourritures le long des 21 virages de la montée sans distinction, les supporters assurent aussi l'animation à l'aide de car sono, un virages sur deux... je ne risque pas de m'ennuyer... en même temps ce n'était pas prévu ^^ je comprends donc, le rythme pépere qu'ils adoptent, l'ambiance qui plus est, est bon enfant.

Je dois passer pour le connard de service, à filer à la vitesse phénoménale de 11 à l'heure ^^, mais pas grave, je continue.

Virage n°21 « Fausto Coppi »: Le premier de la série, premier replat également, car ici les virage sont presque à plat, paraît que ça permet de se relâcher un peu, de souffler...
Moi j'y est perdu le rythme dans ces 30m de plat, c'est con, mais quand la pente est revenu, ça m'as plus fait mal que si la pente avait continuée... bon pas grave, j'ai 700m sur la même inclinaisons à faire avant le prochain virage pour remédier à ce souci... à moins que ce ne soit la pente qui me mette un coup en fait...

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Virage 20 : Déjà ?!?
Les virages suivants, 19, 18, 17, 16, s'enchaînent très rapidement, malgré la pente toujours raide, les 180+ de pulses et les 11 km/h, cela avance très vite je trouve.
Au virage 16, c'est le village de La Garde, ici, la pente sur 300m est plus douce, on le sent, les jambe tournent mieux, et le cœur dit merci, ça en est presque facile d'être déjà là...
Profitons de l'accalmie, même si aujourd'hui c'est court, je mange mon gel, vu comme je tape dans le bestiaux, si je ne fais rien, c'est béton, je tombe avant d'être en haut.
Grosse chaleur aussi déjà, je ne monte pas assez vite pour lui échapper, il fait là, plus chaud qu'en bas quand je suis partit, cela promet pour la suite.

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Virage 15 « Christophe Riblon » : Les choses sérieuse on déjà repris depuis peu, la pente s'est redressée, mais moins que sur le début, je passe le virage comme il faut maintenant, en danseuse, en relance, cela permet de ne pas casser le rythme.

Trou noir : Ne me demandez pas ce qui à bien pu ce passer entre la sortie du virage 15 et celle du virage 10, j'ai dus boire, dépasser de généreux Hollandais, souffler, relancer, en baver, regarder le paysage... peut être, je ne sait pas, j'étais en tout cas, concentré sur ce que je faisais pour y parvenir.

C'est flippant d'être concentré...

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Ce qui m'as sorti de ma torpeur, un bout de bitume dressé devant moi, tel un tremplin de saut à ski, mais à l'envers...
« clic - Schcklack » une dent de plus, me voilà sur le 25, plus qu'une en rab, ça va le faire, j'en bave, mais j'arrive en haut de cette rampe au virage 9.
Si celui ci est au nom de Steven Rooks, vainqueur en 1988, il porte aussi un nom « le virage céleste », je vais proposer à la mairie de l'Alpe d'Huez, de lui octroyer un titre, « le bien nomme » en effet, la pente à la sortie du virage, est tel la première, étourdissante, le virage à plat au centre ne fait que mettre en valeur celle ci, a ce virage céleste, j'offre donc une danseuse, digne des plus belle défaillances du Tour, les cuisses sont en feu, le souffle est court, je suis limite, tout simplement, sur cette portion, il ne faudrait pas que ça dure trop longtemps... (oui oui je sais, c'est moi qui l'ai cherché en même temps...)

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Virage 8 : Ca s'apaise, enfin.
Approche le virage 7, celui dit « des Hollandais », pourquoi ? Parce que les Hollandais ont remportés 7 fois l'étape arrivant ici... autant un jour calme sans rien de particulier, je n'y porterais peut être pas attention, autant là avec « l'invasion » du jour, je m'attends à grosse sono, encouragements a tout va et ravito à volonté...
Arrivé sur le virage, pas plus de monde qu'aux précédents, ils sont calmes, proposent un ravito pour qui en veut, bref, rien à voir avec la foule qui en Juillet, il faut bien le dire, paraît agressive, et est oppressante, tant mieux.

Le virage 7 passé, la route s'enfonce dans la montagne, différence avec la montée vers Chamrousse, dans laquelle on à l'impression de longer le flanc de la montagne, là, on y rentre en profondeur.
La pente elle, ne faiblit pas, et pour donner un coup de morale, ou au morale, on se retrouve, face à nous, perché tout là haut, les premiers immeubles de la station, c'est pas loin hein... mais quand même, ça semble loin, ça semble trop haut... à gauche un cimetière... allez on continue, on va pas s'arrêter à ça.

virage 7 sortie

Alors on continue. Jusqu'au virage 6 RAS, Virage 5 coup derrière la tête, les cuisses commencent à piquer sévèrement, comme si la crampe n'était pas loin, pourtant je bois, plus que d'habitude, mais c'est dure tout le long, la pente, ne laisse pas de répit, et ce n'est pas 30 mètre à chaque virage qui permettent réellement de récupérer, tout au plus, on relâche, mais ça s'arrête là. Cette montée est très difficile, plus que Chamrousse, de ça, j'en suis déjà certains.
La foule et les encouragements reçu, malgré tout, il faut bien l'avouer, ça aide, ça pousse, même si il ne vous sont pas destinés.

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Passé le coup de moins bien, on fait avec en fait, arrive le virage 4, puis cette longue ligne droite avec la patte d'oie, ou il ne faut pas se tromper de route pour suivre l'itinéraire « Tour de France », mais là pas de souci, un panneau indique clairement la route à suivre.

Virage 3 : La station est là, on la voit, ainsi que la route pour y arriver, passé ce virage, plus de surprise à la sortie des suivants, la route est « ouverte », de là, on voit tout ce qui va se présenter, grâce entre autre, à la ribambelle de cyclo Hollandais, qui forme un ruban permettant de savoir à quoi s'attendre, là même si le boulot qui reste à faire est impressionnant, ça donne un coup de fouet.

Virage 2 : PHOTO PHOTO PHOTO ! ! ! Le photographe « officiel » de la montée est là, avec la foule du jour, il a bien raison... allez, on a deux secondes et demie pour faire bonne figure sur le vélo.
Clic-clac c'est dans la boite, retour aux choses sérieuses.

alpe d'huez #1

alpe d'huez #2

(Bientôt en HD...)


Virage 1 : « Giuseppe Guerini », (le vainqueur qui m'a le plus marqué, cause à un photographe amateur qui s'était mit sur la route juste devant lui...bref, passons...) le dernier, passé, en danseuse, en force, à la corde, je donne tout ce que j'ai, je file sur ce dernier bout droit, bien raide, un peu comme au début de la montée, l'entrée de la station est là, à même pas 500m, la fin de la montée en elle même est mise en évidence avec un boudin gonflable en guise de porte, je passe la ligne, mais ce n'est pas finit, l'arrivée pour moi c'est celle du Tour, alors que continu, je vois enfin ce tunnel qui m'intrigue depuis des lustres, 50 mètres plus tard j'en ressort, comme prédit, il n'y a rien de particulier dans ce tunnel, si ce n'est une plaque d'égouts mal raccordée au bitume... pas grave, je continue, il semblerait que les organisateurs ont la même idée que moi sur l'arrivée, c'est pas en haut de la côte, c'est celle du tour qui compte !
Dans l'Alpe d'Huez en elle même, la route continue de montée, mais rien à voir, c'est du 1 à 2 %, facile !
Virage à droite, petite rue un peu plus étroite, un chat noir traverse devant moi...
Pourquoi là maintenant le chat ?

Dernier virage à gauche, la ligne est là, barrière sur les bords de la rue, la foule amassée derrière, cris et applaudissements à m'en filer les jetons !
La ligne est franchit !

 

Top Chrono : 1h09'02''


Ca, c'est fait ! Et bien fait pour le coup, je suis content de moi, 10 minutes de mieux que ce que j'avais estimé être capable de faire.

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(à la station)


Je laisse la cohue derrière moi, je file tout doux, je relache tranquillement, je vais me poser un moment dans un coin plus tranquille... mais il n'y en a pas, ils sont partout, pas grave.
Une fois arrêter, je fais attention à une chose, je suis entièrement trempé de sueur, pas humide, trempé, mon maillot col, mes bras jambes et visage dégoulinent, je suis en nage, il fait chaud, très chaud, mais pas que.
Je me suis donné à fond pour arriver en haut de l'Alpe d'Huez sans poser pied à terre, en moins d'1h20, tel était mon but initial, j'y arrive en 1h10, très bien, mais on ne m'enlève pas de la tête, ce qui est initialement mon but sur mon everest, et finalement, je n'en suis pas bien éloigné, mais lorsque je vois l'effort fait là pour ce résultat...

 

Que faudra t'il que je donne pour réaliser cette montée en moins d'une heure ?

 

Quelques Kilomètres de plat entre Beauce et Sologne, ça c'est sûr, quelques périples en montagne, je ne demande que cela, des échecs dans des prochaines tentatives de montées, certainement (prochaine étape, 2000M +) mais pour tout ceci, j'ai le temps de voir venir, de toutes façon, je vous en toucherais un bout en patientant.

Affaire à suivre donc ;-)

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